Herpétologue - ethnozoologiste
Il croise au Costa Rica Leo Daniel Brongersma, grand herpétologue hollandais, et le premier à s’intéresser aux tortues marines en Europe, au Surinam, en Afrique,... Alors déjà âgé de 76 ans, le professeur déplore le manque de connaissances sur les tortues marines d’Afrique de l’Ouest. Ses propos, il ne les oubliera pas et, tandis qu’il s’active encore en Guyane, il pense à l’Afrique où il séjourne ponctuellement, découvrant au Gabon d’importantes plages de ponte de Luths. Puis il se rendra, pour initier des projets dans divers pays d’Afrique Centrale (Cameroun, Sao Tomé et Principe, Guinée Equatoriale, Gabon, Congo Brazzaville, RDC), au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Togo, au Bénin, à Mayotte.
Peter C. H. Pritchard dira de lui : « Dur, tenace, indépendant, franc, il n'est pas un fonctionnaire ni un bureaucrate, mais plutôt un homme qui supportera toutes sortes de difficultés et résistera à la voie traditionnelle des promotions lentes de carrière afin de défendre les écosystèmes et la faune qu'il aime. J'ai fait des recherches sur la Tortue luth Guyane française pendant les années 60, et quand Jacques a assuré le projet dans les années 70, je suis venu pour le connaître, et nous sommes rapidement devenus de bons amis, peut-être en raison dans un rapport de confrérie européenne dans un terrain dominé par les Américains.»
Spécialiste des tortues marines
Il devient spécialiste des tortues marines grâce à Archie Carr et P. C. H. Pritchard dès la fin des années 1970.
Il travaillera sur le Tortue luth en Guyane française pendant 20 ans et en baguera environ 10 000. Aucun chercheur par le passé ou actuel ne connait cette espèce mieux que lui. Chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, il fait l’inventaire des Chéloniens de Guyane française. Il réhabilitera des espèces entrées en synonymie. Dans les années 1980, il découvre l’importance des plages du Gabon pour la nidification de la Luth et celle de Long Island (Antigua) pour celle de la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Au début des années 1990, il désignera la plage de Saziley comme importante pour la Tortue verte (Chelonia mydas) dans le sud-ouest de l’océan Indien.
Les premières recherches en Guyane
En 1970, il fait des recherches sur les Serpents pour le compte de l’Institut Pasteur et la Direction des Services Vétérinaires de Guyane française.
Peter Pritchard lui conseille de focaliser ses objectifs sur l’estimation quantitative des cohortes de Luths femelles venant pondre en Guyane. Une demande de financement pour ce projet est demandée avec Jean Lescure au ministère de l’Environnement, au Muséum et au WWF International. Mais il faudra attendre 1977 pour que le projet puisse démarrer. Dès 1977, l’estimation faite par Pritchard est confirmée par Jacques et son équipe amérindienne.
Les années suivantes il publiera des données inédites sur la Luth.
1983 : Premiers essais au monde d’équipement d’une tortue marine avec un émetteur Argos. Grâce à un mécénat de la revue Geo. Il inventera avec son technicien Jean-Marc Bretnacher un système élastique qui pourra être clipé sur une tortue en moins de 1 minute.
Harnachement d'une Luth femelle
avec une balise Argos factice
Il sera aussi le premier, avec l'aide de la société Trovan, à utiliser des transpondeurs magnétiques (PIT). Lorsque l’écloserie est créée, elle devient un excellent laboratoire pour étudier le développement embryonnaire. Des embryons sont prélevés pour étudier les appendices épithéliaux de la région cervicale avec le Pr Albert Raynaud (Institut Pasteur), la glande à sel avec Michel Lemire (Laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum de Paris) ou faire une table de développement avec Sabine Renous (Laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum de Paris).
Jacques collectant des œufs, puis vérifiant dans l'écloserie que l'incubation se déroule bien.
Dès 1977-78, Jacques fait le constat d’une importante destruction des nids par l’érosion des plages aux grandes marées, leur pourrissement par l’infiltration de l’eau des marais côtiers, l’autodestruction par les Luths dans les zones de grande concentration, le braconnage et le déterrage par les chiens errants des villages amérindiens. En estimant le nombre annuel d’œufs pondus et le nombre observé d’émergentes, il en déduit que le taux de réussite des œufs ne dépasse pas 4,5%. Au Surinam, les œufs de Tortues vertes et olivâtres sont incubés dans des boites en polystyrène. L'équipe guyanaise teste donc cette méthode pour les œufs de Luths. En 1974, le biologiste français Claude Pieau, de l’Institut Pasteur, avait découvert chez une tortue terrestre et une tortue d’eau douce que le sexe de l’embryon varie avec la température d’incubation pendant une période thermosensible. Jacques discute avec Pieau de la possibilité qu’un facteur identique existe chez les tortues marines. Commence alors un projet visant à vérifier avec lui si le déterminisme du sexe par la température peut se confirmer chez l’embryon de Luth. La station météo de Saint-Laurent-du-Maroni lui prête des thermographes Richard. Nous plaçons les sondes sur la plage de Yalimapo, au sein de plusieurs nids de Luths. Malheureusement, ces thermographes, dont le but initial ne nécessite pas une grande précision, ne répondent pas à ses besoins et lui fait perdre alors plusieurs saisons de ponte à tenter d’obtenir des résultats exploitables. Frédérique Rimblot et Marc Girondot travaillent sur ce sujet avec Pieau à Paris et avec Jacques en Guyane. Un ami suisse, Alain Baumgartner, inventera pour Jacques le “Thermo-Luth”, un thermomètre enregistreur avec 8 sondes.
En 1980, le Conseil général met à sa disposition les ruines d’un ancien bâtiment pénitentiaire du bagne des Hattes, envahies de végétation et situées entre le village de Yalimapo et le marais de Panato, à environ 100 mètres de la plage. Ces ruines sont inscrites au Patrimoine historique de la Guyane. Le Conseil général donne un crédit pour commencer les travaux de restauration. Le Service Mer du ministère de l’Outremer nous conseille de créer une association paraétatique permettant d’obtenir plus de fonds publics et de faire de la future écloserie un projet officiellement pilote. Le 22 juillet 1982 est ainsi créée l’A.G.E.O.T.M.G. (Association de Gestion des Ecloseries d’œufs de Tortues Marines de Guyane) avec comme membres de droit le préfet, le chef coutumier de Yalimapo, le président de la Fédération des Organisations amérindiennes de Guyane (F.O.A.G.), le directeur du Muséum de Paris, les présidents de diverses ONGs (Sepanguy, Société herpétologique de France, SNPN, FFSPN, WWF, Greenpeace…).
L’ensemble de l’écloserie fonctionne sur énergie photovoltaïque grâce à des panneaux installés sur le toit et un système de "bassin solaire" dont l’air chaud est pulsé vers une pièce du bâtiment où sont incubés des œufs à 31°C. L’objectif est, suivant les recherches entreprises par l’équipe sur le déterminisme du sexe des embryons, de mettre au point une technique écologique d’incubation thermorégulée des œufs de tortues marines. Les deux chambres d’incubation, expérimentales, doivent théoriquement conduire à un sexage des embryons par le seul fait de leur température constante. Elles sont isolées thermiquement par des cloisons épaisses de polystyrène et accessibles par un sas où on ne rentre qu’après passage dans un pédiluve désinfectant.
L’écloserie étant réellement fonctionnelle en mai 1987, le mois même du décès du Professeur Archie Carr, son nom lui est donné. Elle est la première au monde à fonctionner ainsi, permettant de choisir le sexe des œufs mis en incubation. Mais, certains journalistes traitent Jacques et son équipe "d’apprentis sorciers".
Les taux de réussite d’incubation d’œufs de Luths sont mauvais les premières années, alors qu’il dépasse facilement 80% chez la Tortue olivâtre. Des études bactériologiques montrent la nécessité d’améliorer les conditions de prélèvement des œufs et d’éliminer au maximum les causes de contaminations bactérienne et fungique, en particulier par les mains sales et le sable. Une technique de lavage des œufs de saumons en élevage par une solution iodée est adaptée. Les boites de polystyrène utilisées sont remplacées par des plateaux en plastique facilement lavable. Les couches de sable au-dessous et au-dessus des œufs sont supprimées. Le taux de réussite d’incubation des œufs de Luths peut enfin dépasser les 70%.
Le problème de réussite d’incubation étant réglé, il faut ensuite améliorer le processus compris entre l’éclosion, la période d’émergence théorique hors du sable et le départ vers la mer. Après des tâtonnements, les œufs prêts à éclore sont placés dans des cuves remplies de sable sur une hauteur d’environ 80 cm. Les tortues y remontent en surface comme dans des nids naturels. La viabilité des nouveau-nées est augmentée ainsi de plus de 40%. Mais, placées sur la plage quelques heures plus tard, elles ont perdu toute excitation de départ. Un enclos est donc construit en haut de plage avec, du côté mer, un volet de bois au ras du sol pouvant s’ouvrir. Les œufs prêts à éclore sont placés dans des trous qui sont refermés et entourés d’un cerclage de grillage. Lors de l’émergence, le cerclage est retiré, les nouveau-nées comptées, et le basculement du volet permet leur départ de façon naturelle vers la mer.
L’ancien bagne devenue écloserie sera désormais, et jusqu’au milieu des années 1990, à la fois le camp de base des Campagnes Kawana, une station de recherches, un musée, le noyau dur de la protection de la Nature en Guyane française, et le lieu d’incubation de milliers d’œufs.
Peter Pritchard écrira encore : « Je suis entré à l'intérieur de cette étrange écloserie. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais ce que j'ai trouvé étaient des rangées et des rangées de boîtes d'œufs de tortues. Une grande expérience était en cours. Elle était de Jacques, et due à ses relations de travail et d’amitié avec le distingué scientifique français Claude Pieau, lequel avait effrayé le monde scientifique en découvrant que le sexe d'une tortue, chez la grande majorité des espèces, dépendait de la température de l'incubation de l'œuf. Jacques continuait en Guyane, pour la première fois chez les tortues marines, l’œuvre pionnière de Pieau. Ainsi étaient créés des mâles et des femelles "à la demande", les salles étaient donc innocentes, mais à quoi servaient donc les bouteilles de vin ? Il s'avéra que c'était un dispositif de chauffage solaire d'eau contenue dans les fameuses bouteilles, extrêmement ingénieux, utilisant l'isolation, conversion passive, et le chauffage différentiel des bouteilles de vin dans l’obscurité afin de permettre de réguler les différentes températures ambiantes dans les deux salles d’incubation, où certains ensembles d'œufs produiraient des mâles, et les autres des femelles. Ingéniosité, conservation, recyclage, travaux sur le terrain, science, utilisation de matériaux naturels, tout dans cette écloserie était réuni. »
Premiers suivis des plages de ponte guyanaises
En 1977, sept Amérindiens sont recrutés Jean Lescure et Jacques dont Daniel William, fils du chef coutumier de Yalimapo. Un camp est établi sur la presqu’île sableuse longue de 3 km qui prolonge cette année-là la Pointe Isère (Apotïlï). Des prospections régulières à pied sont faites vers les différentes plages situées plus au sud-est jusqu’à la crique Organabo, afin de définir les meilleures zones de ponte à surveiller.
Au pic de la saison de ponte, Daniel William propose d’aller suivre les montées de Luths sur la plage de Yalimapo. Le résultat est spectaculaire, et son père, Albert William, qui est le chef coutumier, propose que Jacques s’installe dès l’année suivante dans son village. Le Conseil Général met à sa disposition le bâtiment pénitentiaire des Hattes.
Selon les possibilités financières et humaines, des camps temporaires sont mis en place sur certaines plages autres que Yalimapo comme Amanapotïlï ou Farez. Des rencontres sont faites avec Joop Schulz, puis Henk Reichart, au Surinam, et une amicale coopération commence avec le STINASU.
Jean Lescure
Daniel William
Les pieds dans l’eau !
Les campagnes Kawana
A partir de 1981, Jacques, responsable scientifique du projet, commence à être aidé par des bénévoles dont la motivation et les compétences techniques permettent de gagner en efficacité. Ainsi naissent et se développent les Campagnes Kawana, du nom amérindien Kaliña de la Tortue luth.
Le nombre d’écovolontaires variera d’une saison à l’autre pour atteindre pendant une saison un maximum de 120 personnes pour 10 camps répartis de Yalimapo à la plage de Malmanoury. Le nombre de camps saisonniers a souvent varié de 3 à 5 selon les budgets engagés, mais à partir de 1977 et jusqu’en 1996, aucune plage prioritaire n’est restée sans surveillance.
Le WWF-International soutiendra le suivi des tortues marines en Guyane française jusqu’en 1983. En ce début des années 80, divers financements interviennent et se complètent : Sepanguy, SNPN, CNRS, Rettet die Schildkröten, préfecture de la Guyane, divers ministères (Environnement, Mer, Outremer…), des sponsors (lunetterie allemande Fielmann, Fondation Gzrimek, bateaux pneumatiques Metzeler et Elefant, Kobler, Liebig, Géo Magazine, Ein Herz für Tiere, banques Hervet et BFC…). Le projet obtient le label "Année européenne de l’Environnement », manifestation où il représente officiellement la Guyane. La Communauté européenne, jugeant ce projet prioritaire, donne des subventions pendant trois saisons.
A partir de 1994, la plage de Rémire-Montjoly étant débarrassée de la mangrove et à nouveau fréquentée par les tortues, une petite équipe des Campagnes Kawana y travaillera.
En 12 ans, plus de 600 écovolontaires internationaux auront agi avec Jacques pour les campagnes Kawana, avec la moyenne annuelle d’une quarantaine de personnes. Ils sont venus de quelque 27 pays différents, même si la majorité était formée d’Européens. Certains seront des étudiants de divers niveaux venus préparer un diplôme (thèse de doctorat, thèse vétérinaire, DESS, DEA, diplômes étrangers). Ce sera une pépinière extraordinaire de jeunes naturalistes : Marc Girondot, Françoise Claro, Maël Dewynter, Alexis Billes, Thierry Frétey (son neveu),... Ils feront tous de belles carrières.
Réunion du matin dans la salle commune de l'écloserie, sous une fresque représentant l'atterrissage d'une Luth.
La sensibilisation de scolaires est importante
et Jacques y passe du temps.
Il continuera plus tard à faire la même chose avec de jeunes Africains : Hyacinthe Angoni, Feitoumatt Lematt Hama, Henri Abi Nibam, Gabriel Segniagbeto, Hawa Kossinantao,...
A ce propos, il écrira : « J’aurais passé ma vie à semer des petites graines… comme mon grand-père qui était pépiniériste, et mon père fleuriste, en formant des jeunes biologistes. »
Toujours dans l'Outremer français
Polynésie française
1996: Jacques fait un inventaire préliminaire, avec Miri Tatarata. Il préparera ensuite avec Miri un projet de suivi satellitaire par émetteurs Argos de Tortues vertes sur l'atoll de Scilly, mais ça ne se fera jamais.
Il fera ensuite plusieurs publications sur des passages de Luths dans les eaux polynésiennes. Il s'intéressera aux pétroglyphes.
Dans les années 2000, aide donnée а La ora te Natura et Te mana o te moana. Projet avec ces associations et le Refuge des Tortues annulé.
Il envisagera de créer un site Ramsar à Wallis et Futuna.
Saint-Pierre-et-Miquelon
En 2005, le Muséum de Paris commence а inventorier la biodiversité de Saint-Pierre-et-Miquelon. Est demandé à Jacques de s'occuper des tortues marines. Il travaillera avec l'association Amphibia Nature du Québec, Franck Urtizberea (Direction de l'Agriculture et des Forêts) et Mike James (Nova Scotia Leatherback Turtle Working Group) de Terre-Neuve de 2006 à 2009.
La Nouvelle-Calédonie
2012: Mission du ministère de l'Ecologie avec Françoise Claro (Muséum de Paris) pour évaluer la situation, faire des ateliers de formation pour les gardes et enclencher une réflexion sur la mise en place d'un Plan d'Action.
Marquage de Caouannes sur la plage de Bouraï avec l'association Bwara et récupération des archives de l'ancien président.
Pose d'un émetteur de suivi satellitaire Argos sur une Caouanne avec le WWF Nouvelle Calédonie.
Recherche de nids dans les îles de l'ouest de la Grande Terre et dans les îles Loyauté. Ateliers de formation pour les fonctionnaires de l'environnement et pour les membres de l'association Kanak ASBO.
Etude des données de nidification sur les îles éloignées avec Tyffn Read et Marc Girondot. Réflexion pour les classer en site Ramsar.
Equipe du WWF avec Françoise et Jacques devant la tortue équipée d'un émetteur Argos
Atelier de formation avec l'équipe Kanak d'Ouvéa
Discussion sur les sites de ponte
avec un agent
La Caraïbe
Au début des années 1980, avec le Parc naturel régional de Guadeloupe, Jacques Fretey créera le Groupe Karet. Il explorera toutes les plages et interrogera les riverains à la recherche de preuves de nidification des tortues marines. Il s’attaquera également, avec l’ONF, aux boutiques de souvenirs vendant des produits tortues marines (tortues et têtes naturalisées, bijoux et objets en écailles). Il écrira à Robert Badinter, Garde des Sceaux, pour dénoncer l’artisanat de l’écaille à la prison de Basse-Terre.
En 1983, visitant son ami avocat John Fuller à Antigua, il découvrira un bon site de ponte d’Eretmochelys imbricata sur la plage de Jumbo Bay sur son île de Long Island.
Ponte d’une Tortue imbriquée sur Long Island
Recherche de nids par John Fuller
Ses projets africains
Nicole Girardin, conseillère à l’Institut Pédagogique du Gabon comprend, après un voyage en Guyane française, que les traces qu’elle observe sur la Pointe Pongara sont celles de Tortues luths venant pondre et écrit en avril 1984 au Musée Océanographique de La Rochelle. Le conservateur, Raymond Duguy, lui conseille de s’adresser à J. Fretey au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Une correspondance s’établit immédiatement entre N. Girardin et Jacques, permettant un premier suivi des pontes sur la presqu’île en face de Libreville. Une mission financée par le WWF-France a lieu fin 1985, avec un survol du littoral financé par Elf-Gabon. Onze Luths femelles sont marquées pendant la saison de ponte 1985-1986. Jacques, par la voie de Marine Turtle Newsletter, informe la communauté scientifique internationale de la découverte au Gabon d’importants sites de nidification de la Tortue luth, jusqu'à la frontière congolaise. Un important site de ponte mondial avait été découvert.
En 1989, il organise grâce au programme européen ECOFAC une réunion régionale à laquelle assiste Douglas Hykle, secrétaire de la convention de Bonn sur les Espèces migratrices (CMS). PROTOMAC (PROtection des Tortues Marines d’Afrique Centrale) est créé. La direction en est confiée à Alexis Billes, un de ses anciens thésards vétérinaires de Guyane, sur financement des Affaires Etrangères.
Réunion à Ekwata (Gabon) des biologistes tortues marines d'Afrique Centrale
Manjula Tiwari, Alexis Billes , Alain Gibudi et
Jacques Fretey dans le bureau PROTOMAC
dans les locaux d'ECOFAC.
Tobie portant une jeune Tortue verte
Le Cameroun
En 1999, il envoie 4 étudiants français prospecter le littoral du Cameroun. Il les rejoint et commence pour le projet de la Banque Mondiale Campo Ma’an une prospection au sud de la ville de Kribi. Pour ce faire, il embauche plusieurs personnes dont Tobie, un excellent braconnier. Il établira son PC dans le village d’Ebodjé dont il deviendra notable de sa Chefferie. Financé par le US Fish & Wildlife Service, il fera travailler Tobie et une équipe à partir de 2019 dans le Parc national de Douala-Edea.
Le chef d'Ebodjé et Jacques, son notable
La Mauritanie
En 2008, lors d’une réunion du MoU d’Abidjan à Dakar, le directeur des Aires Protégées et du Littoral, représentant de la Mauritanie, discuta avec lui de la nécessité de préparer un Plan d’Action mauritanien. Avec un financement de la Fondation Nature & Découvertes et le Bureau UICN-Mauritanie comme gestionnaire, il commence un projet qu’il appellera « Digmile ».
Avec Feitoumat Lematt Hama comme étudiante en thèse, ils travailleront dans ce pays pendant cinq ans. Ils découvriront des pontes de Caouannes et de Tortues vertes dont suivront la température d’incubation des œufs (plus de 36°C, sans doute l’une des plus élevées au monde). Ils feront de la sensibilisation en pays Imragen et examineront les nombreux échouages de cadavres.
Logo arabe du projet
Cadavre échoué à Jraif
Une caravane passe…
Avec Feitoumat Lematt Hama
Jacques prenant des notes
devant un cadavre
de Tortue verte
Création par Jacques d'une collection tortues marines à l'Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et de Pêches (IMROP). Un grand cahier servira à noter ce qui est enregistré, ce que c'est, le nom du collecteur, le lieu et la date.
Sont apparues sur les Tortues vertes mortes échouées les premières tumeurs en Mauritanie du fibropapilloma, une pathologie qui venait d'Hawaï et faisait le tour du globe. Jacques s'inquiète que cette maladie ne touche les nombreuses adultes qui paissent sur l'herbier du Banc d'Arguin.
Lors d'une saison, des nids de Tortues vertes et de Caouannes sont découverts un peu au nord de Nouakchott mais avec des concentrations au sud jusqu'à Mouily, sur la face marine du Parc national du Diawling. Des thermomètres enregistreurs sont mis dans quelques nids. Dans le contexte du réchauffement climatique, l'exercice est important car la température du sable à 30-50 cm doit d'ores et déjà approcher les 37°C !
Sur la plage de Mouily, les nomades leur prêtent une grande tente et chaque matin, leur apportent du lait de chamelle.
Avec Feitoumat Lematt Hama
Cérémonie du thé
Mesures et prélèvements
Petit déjeuner vers Tchat Boul
Le fidèle Ayah et son dromadaire
Tumeurs du fibropapilloma
Lematt notant les dimensions
d'une dossière pour sa thèse
Le livre de la collection tortues marines
Le dispensaire de MHejratt
Examen d'un nid pourri par Lematt et Jacques
Le camp nomade à Mouily
La longue plage mauritanienne
Le Togo et le Bénin
Coopération de Jacques avec le Pr Joseph Bowessidjaou et Gabriel Hoinsoude Segniagbeto (Faculté des Sciences de Lomé, Togo), Josea Dossou-Bodjrenou et Patrice Sagbo (Musée Nature Tropicale, Bénin), Séverin Tchibozo (Laboratoire d'Ecologie Appliquée, Cotonou, Bénin), le Pr Brice Sinsin (Faculté des Sciences Agronomiques, Cotonou, Bénin; l'autorité zoologique et écologique du pays).
Prospection des plages dans les deux pays, en particulier la grande plage de Grand Popo.
Co-organisation avec Josea d'une grande réunion régionale
Création de Plans d'Action tortues marines pour le Togo et le Bénin.
Jacques travaille avec Gabriel sur une aberration d'écaillure observée chez les Tortues olivâtre venant pondre dans la région. Ils font un atelier de formation pour les gardes et leur apprennent quoi faire s'ils rencontrent une tortue marine.
Travail avec le Club Globe du lycée de Grand Popo.
Gabriel et Jacques
Explications de Gabriel au sujet de l'écaillure
Remise d'un diplôme à l'un des gardes formé
Groupe de participants à un atelier de formation à Grand Popo
Atelier de formation de Grand Popo
Jacques avec une Tortue verte immature
L'entrée du projet d'écotourisme d'Agbodrapho
Défilée des enfants du Club Globe
La Guinée-Bissau
2009 : Avec Tomas Diagne du Sénégal, il loue un bateau en Casamance et accompagné de Castro Barbosa (Guinée Bissau) ils explorent les îlots des Bijagos à la recherche de pontes de Tortues imbriquées.
La Guinée
2010 : M’Mah Soumah (Centre des Recherches halieutiques de Boussoura, Conakry) demande à Jacques de venir faire le point sur les tortues marines en Guinée. Ils confirment la nidification de la Tortue verte et de la Tortue imbriquée dans les îles de Loos, comme l’avait affirmé Sylvie Letourneau, une étudiante canadienne de Jacques. Puis, ils installent le Projet Kaloe Kurè et poursuivent les recherches dans l’archipel des Tristao avec M'Mah Soumah, Hawa Kossinantao et Patrick Triplet. Jacques y fera construire une station de recherches au début des années 2020. Ils auront pour mécènes la Fondation Mohamed bin Zayed et SMB.
Patrick formant les gardes de l’archipel des Tristao
Journée de sensibilisation sur l’île Katrack pour les élèves
MMah et Jacques inventoriant les dossières de tortues braconnes
Fillette de l’île Katar avec une Tortue verte nouveau-née
L'écaille et l'écaillure
Dès ses premiers guides des Reptiles de France, Jacques s'est intéressé à ce sujet et a préparé des clefs de détermination en conséquence.
Cette recherche s'est poursuivie plus précisemment avec les Chéloniens jusqu'à faire une publication complète sur le sujet à la demande du ministère de l'Ecologie.
Écaillure céphalique légendée de la Tortue imbriquée
Écaillure céphalique des Emydidés
Écaillure céphalique des Podocnémides
Son étude sur l'écaille de Tortue imbriquée l'a menée à fréquenter des écaillistes et des antiquaires.
Il devient expert de l’écaille de tortue. Il produira des certificats d’identification pour des antiquaires faisant passer des frontières à des meubles d’André-Charles Boulle ou à des céramiques piquées d’or.
Plaque d'écaille d'uneTortue imbriquée
Piqué d'or napolitain
En bref…
Et Pritchard de conclure : « Ainsi, Jacques Fretey, nous te saluons. Un homme de la science, de l'art, et de la littérature, un homme de passion pour la vie et pour les tortues, un homme de modèle inimitable et formidable, un homme intransigeant dont les principes sont de la plus haute importance et non sujet à la négociation, à un grand Français. »
Peter C. H. Pritchard décèdera le 26 février 2020. Jacques pleurera son ami de 45 ans et écrira à son sujet deux nécrologies, l’une en français, l’autre en anglais.