Herpétologue - ethnozoologiste
Allain Bougrain-Dubourg, son ami président de la Ligue de Protection des Oiseaux, écrira à son sujet : « Le visage creusé, la barbe dense, le regard pointu, Jacques Fretey ne s’embarrasse pas de bienséance. A ses yeux, la vérité de terrain reste le seul savoir-vivre. »
Premiers projets de conservation
En 1970 et 1971, travaillant avec le Centre ORSTOM de Cayenne, il participe avec l’océanographe Martial Rossignol à des missions d’étude sur l’état postlarvaires des crevettes dans les marais de la Basse-Mana ; c’est alors qu’il découvre les pontes de tortues marines sur les plages attenantes, principalement des Tortues olivâtres. C’est à cette occasion qu’il fait connaissance avec sa première Luth (Dermochelys coriacea). Il prend des notes sur ce qu’il observe. Un groupe de chercheurs naturalistes de l’ORSTOM, du Muséum de Paris et de la SEPANGUY dont il fait partie, informent la préfecture de la Guyane et les instances ministérielles concernées de la nécessité de créer des réserves naturelles, dont une pour la Basse-Mana.
IUCN Marine Turtle Specialist Group et WIDECAST
En 1983 (Costa Rica) et 1987 (Porto Rico), le ministère français de l’Environnement le désigne comme représentant de la France au Western Atlantic Turtle Symposium (WATS I et WATS II).
En 1983, le Pr Archie Carr lui demande de faire partie du groupe IUCN SSC Marine Turtle Specialst très fermé, prestigieux à l’époque, qui ne compte que 20 scientifiques. Quelques années plus tard, il sera co-chairman et chargé de la région de l’Atlantique Sud-Est.
Le Pr Archie Carr (complètement à droite) ,
en 1983, à Tortuguero (Costa Rica),
avec son équipe du IUCN SSC
Marine Turtle Specialst Group
Il est repéré par Milton Kaufmann, le créateur du WIDECAST (Wider Caribbbean Sea Turtle Conservation Network). Il intègre le conseil d’administration et y restera une douzaine d’années. Il en organisera la réunion annuelle en Guadeloupe.
Milton Kaufmann
La réserve de l’Amana
En 1979, il écrit un rapport au ministère de l’Environnement sur les résultats obtenus pendant ces premières trois années, et confirme la nécessité de créer la réserve de la Basse-Mana, en Guyane. Des inventaires ornithologiques, ichtyologiques, herpétologiques, mammalogiques, entomologiques… dans le cadre des premières ZNIEFF (Zones nationales d’Intérêt écologique, faunistique et floristique) sont faits ; de nouvelles espèces de Poissons et d’Insectes sont décrites, dont deux micro-guêpes qui seront décrites par l’entomologiste belge Yves Braet et Jacques (Dentigaster warana et Chelonus pseudoscrobiculatus). Engrangeant (grâce à ses formidables écovolontaires naturalistes dont Hubert Geraux) ces données sur la biodiversité des marais côtiers, il préparera ensuite plusieurs projets de délimitation de la réserve dont un, réalisé avec le directeur de l’Environnement Antilles-Guyane, qui prend vraiment date. Le processus est lancé, et va jusqu’à l’enquête publique. Mais les ministères de l’Outremer et de l’Agriculture, poussant le dossier de la riziculture mananaise, font stopper la procédure de mise en réserve. Mais il ne baissera pas les bras.
Dortoir d'Ibis rouges
Après 25 ans de lutte, en 1998, un décret ministériel classera enfin les plages et les marais de la Basse Mana en réserve naturelle nationale. La réserve voit enfin le jour mais sa superficie a été amputée de moitié par une riziculture moribonde.
Professeur de biologie de Mana expliquant à ses élèves
le protocole de ponte d'une Luth.
Les musées tortues marines et la sensibilisation
L’une des plus grandes salles du bâtiment principal de l’écloserie de Yalimapo est transformée par Jacques en petit musée expliquant les espèces, la biologie, la reproduction des tortues marines et les menaces pesant sur elles. Un fléchage depuis la plage incite les touristes à venir voir l’écloserie et son musée. La grande originalité de celui-ci réside dans ses fresques murales qui ont demandé un art graphique habile mais peu d’argent, et un impressionnant squelette de Luth (préparé par un taxidermiste suisse) permettant d’expliquer l’absence de vraie carapace chez cette espèce. Des embryons de Tortues vertes, de Tortues olivâtres et de Luths, à divers stades et conservés en alcool, accompagnés de dessins muraux explicatifs, montreront
les diverses étapes du développement embryonnaire.
Le petit musée de Yalimapo, qui n’aura pas coûté grand-chose pour sa création, sera classé parmi les 100 meilleurs musées français pédagogiques. Jacques parti de Guyane en 1996, la nature envahira écloserie et musée.
A partir des années 80, des centaines d’écoliers et de collégiens guyanais, créoles et amérindiens, seront passés par le musée de Yalimapo, et auront entendu parler de la protection de la nature pour la première fois à cette occasion. Un parcours pédagogique est organisé sous forme de jeu de piste, permettant aux élèves d’acquérir des connaissances sur les tortues marines, les milieux naturels littoraux, et la culture amérindienne. Des lycéens créoles de Cayenne, en classe de seconde, conduits par un extraordinaire professeur de biologie viennent participer aux campagnes Kawana. De même, un professeur du collège pluriethnique de Mana, vient parfois prolonger ses cours de sciences naturelles à Yalimapo. Les écoles primaires d’Awala et de M’Homgs de Javouhey deviennent des partenaires réguliers, et il devient possible de braver les tabous parentaux pour présenter les tortues marines aux enfants de façon ludique et naturaliste.
Les enfants et adolescents amérindiens de Yalimapo prennent vite l’habitude, en fin d’après-midi, de venir passer du temps à l’écloserie, pour regarder des livres ou dessiner. Et lors de lâchers de nouveau-nées de l’écloserie sur la plage, ils sont toujours intéressés pour y participer.
Sur la plage de Playa Grande, au Costa Rica, un musée sur les tortues marines est nécessaire. On lui demande de faire une maquette. Avec le photographe Olivier Grünewald il fera une proposition qui plaira aux visiteurs.
Au Cameroun, dans la station Maison de Ndiva, une grande pièce sera consacrée pour expliquer la biologie des tortues marines aux scolaires et aux visiteurs extérieurs.
Maison de la Nature de l’Aube
Diverses actions de conservation
Il fonde des projets de terrain sur les tortues marines en Guadeloupe, à Antigua, à Mayotte, au Gabon, au Cameroun, à Sao Tomé et Principe, au Togo, en Mauritanie, en Guinée...
En France, créé avec Annelise et Michel Abit, la Maison de la Nature de l’Aube, dont il sera président.
Il se battra pendant 10 ans contre l’établissement de grossissement de Tortues vertes installé à Saint-Leu (La Réunion) et sera expert pour la CITES où il dénoncera cette aberration.
Abattage des tortues à l’abattoir de Saint-Pierre
Le WWF
Devenu salarié du WWF-France, Jacques s’intéresse à tout l’Outremer français, pour lequel il crée un service WWF pour la protection de l’environnement ultramarin. Ce sera le point de départ de l’installation de bureaux en Nouvelle-Calédonie, en Guyane… Ce qui poussera aussi l’UICN-France à en faire autant et à rédiger un Livre blanc de l’Outremer auquel participera activement Jacques.
Membre du Comité Amérique Latine du WWF-International, il participera à des missions au Brésil, au Mexique, au Panama...
Il dénonce l’orpaillage illégal en Guyane, responsable du déversement de centaines de kilos de mercure dans les rivières, et donc en mer. Un poison violent pour les Amérindiens des fleuves, un poison pour les tortues du littoral. Jacques organise, au début des années 1990, une conférence de presse à Paris sur ce sujet. La presse s’y était alors peu intéressée. Il lutte aussi en Guyane et à Paris, dans l’indifférence générale, contre l’ouverture d’une route en direction du Brésil et la création du barrage de Petit-Saut, deux énormes projets très destructeurs de la forêt primaire.
Accompagné de quelques-uns de ses fidèles écovolontaires, voyant que l’Etat français protège d’un côté et détruit de l’autre, il créa un commando écologiste, le FLUG (Front de Libération des Urubus Guyanais) et mène des actions contre les pollutions et les destructions de marais par la riziculture, l’exploitation des Ibis rouges pour faire des fleurs artificielles, la Base spatiale de Kourou et ses rejets d’alumine et d’acide chlorhydrique, le trafic de peaux de Caïmans, le trafic d’animaux sauvages vivants vers l’Europe…
Occupation, face aux bulldozers, de la dernière forêt primaire atlantique
Graphe du FLUG
sur le mur de l’hôpital de Cayenne
L’orpaillage pollue les rivières et détruit l’environnement
Stérilisation des chiens de Yalimapo et Awala, prédateurs des tortues nouveau-nées
Un parc zoologique qui cache un trafic mondial d’animaux sauvages sud-américains
Surinam
Il ira pour la première fois au Surinam en 1977. et dialoguera avec Joop Schulz, créateur du projet tortues marines , ami de P.C.H. Pritchard avec qui il découvrira l'importance des plages guyanaises pour la Tortue luth.
Pendant la guerre civile du Surinam en 1986, Jacques s'occupera des camps de Baboensanti et d'Eilanti. Il ne sera pas d'accord avec le ranch d'élevage de Matapica fait par le service forestier (STINASU), mais deviendra cependant ami avec Henk Reichart, avec qui il fera une publication pour le réseau régional WIDECAST.
Joop Shulz
Henk Reichart
De gauche à droite: Peter Dutton, Jacques et Henk
Les bassins du ranch de Matapica
Une Tortue verte immature qui ne connaitra jamais la mer
En 1996, le WWF-France considère que Jacques devient incontrôlable et son directeur, venant de... Rhône-Poulenc, le licencie.
La réserve naturelle de l’Amana pouvait théoriquement prendre le relai des campagnes Kawana, mais son mauvais fonctionnement fit qu’elle ne remplaça jamais jusqu’à ce jour les campagnes Kawana.
L’île de Gorée, un doux rêve
Projet de Jacques de réhabiliter la station de biologie marine et son Musée de la Mer, appartenant à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), créée en 1956 sur l’île de Gorée, face à Dakar (Sénégal). Avec création d’une station scientifique régionale ouest-africaine d’études et de conservation des tortues marines
En 2008, les 23 Etats africains signataires du Mémorandum d’Abidjan et le PNUE entérinaient l’idée apportée par Jacques de faire sur Gorée, île classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, une Antenne scientifique tortues marines. Le projet, soutenu par beaucoup d’organismes (IFAN, mairie de Gorée,...), fondations et associations (Fondation Nicolas Hulot, Fondation nature & Découvertes, Fondation française des Sociétés de Sciences naturelles, Société nationale de Protection de la Nature,…), le service muséographique du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, le ministère français de l’Ecologie.
Très gros projet que Jacques a commencé en 2002 qui nécessite la réhabilitation de bâtiments historiques, la création d’une muséographie contemporaine… Il paie un architecte, et un muséographe, et Jean Larivière (ex-éditeur du Muséum de Paris). Ambroise Monod, fils de Théodore Monod est derrière lui. Il demande l’aide de la direction Afrique de l’UNESCO qui accepte à condition que ce soit le Sénégal qui le demande. Et le gouvernement sénégalais ne bougera pas. Que ce projet n’ait pas abouti sera perçu par Jacques Fretey comme un profond échec.
Le Musée de la Mer de Gorée vu de l'entrée
L'île de Gorée, au large de Dakar
Plan de réhabilitation des bâtiments
Projet de la pièce sur les tortues marines
Mayotte
En 1996, les Tortues vertes nidifiant sur l'archipel de Mayotte sont tuées en grand nombre. Avec J. Fourmy, directeur du Service de l'Environnement et des Forêts, il créé un projet d'étude et de protection des tortues marines. Sur chaque plage gisent des cadavres. Les plages de Saziley, au sud de la Grande Terre, leur paraissent les plus importantes à surveiller. Ils y font construire un faré qui permettra aux gardiens d'y loger. Il réalise des atelier de formation pour ces gardes ainsi que plus tard, ceux de la Brigade Nature.
Il fait venir Mireille Quillard qui, très vite, s'occupera de diriger les gardes et fera une précieuse sensibilisation des scolaires.
Il fera le nécessaire pour que soit protégé le grand herbier de N’Gouja. Il formera un jeune Mahorais, Ali Mari. Celui-ci marquera les tortues sous l'eau.
Il reviendra à Mayotte 29 ans plus tard, avec Alexandre Girard (Muséum de Paris), en mission pour le ministère de l'Ecologie. Il proposera 3 sites Ramsar : Msamboro, Est de Petite Terre, tout le sud de la Grande Terre. Il constatera que les massacres continuent malgré presque 3 décennies de conservation.
Mireille Guillard
Cadavre sur une plage du Sud
Nidification d’une Tortue verte sur Grand Saziley
Ali Mari injectant un transpondeur magnétique
à une Tortue verte
Tortue verte broutant sur l’herbier de N’Gouja
L’Afrique et l’aide humanitaire
Il en est convaincu : le sauvetage des tortues passe par celui des hommes. Il s’investit dans l’aide humanitaire aux villageois braconniers, essayant de leur faire supprimer l’exploitation des produits (viande, graisse, sang, carapaces, écaille…) par une sensibilisation et amélioration de leur qualité de vie.
Pour aider les Iyassa du Cameroun, il créera l’association Somè (= Fraternité) et avec sa fille Eve, aidera un dispensaire et fera parrainer des enfants par des familles françaises. Il établira un jumelage entre une commune française, Courteranges, et la commune de Campo. Sur l’île Katrack (archipel des Tristao, Guinée), son projet Kaloe Kuré finance l’école, le dispensaire, la mosquée du district de Katfoura. Dans les îles Tristan il fera venir ses amis les Drs Gérard Amigues et Jean-Pierre Malaussena pour s'occuper du dispensaire.
Il débarque au Cameroun en 1998, à Ebodjé, où il est accueilli par le chef de village dont le nom de clan, mieux qu’une légende, semblait prédestiné, Ndiva Membila signifie en langage Iyassa : « La tortue luth qui court ». Il s’installe et crée, sur un terrain donné par le village, une station d’étude et de conservation des tortues marines, la "Maison de Ndiva » sur financement de la Banque mondiale et de l’Union européenne. Il y fera un petit musée, avec des fresques peintes sur les murs par Andreia Florentina et Jean-Luc Goss.
Jacques, notable de la Chefferie d'Ebodjé, en compagnie de deux Chefs coutumiers
Réalisation par J-L Goss d'une fresque sur les Primates dans la Maison de Ndiva, à Ebodjé (Cameroun).
Il est promu notable du village lors d’une cérémonie au cours de laquelle lui est remis le bâton chasse-mouches de sa nouvelle fonction.
Pendant 25 ans, Jacques Fretey s’est battu, au Cameroun, pour que toute la côte et jusqu’à 40 km en mer, au sud de la ville de Kribi, soit classés en parc national marin. Le 9 juillet 2021, le Premier Ministre signait le décret de création du Parc national marin de Manyange na Elombo Campo.
La côte vers Elombo
Avec Son Excellence Jules Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la Faune
Carte du Parc national marin
de Manyange na Elombo Campo
Saint-Pierre-et-Miquelon
Il sort en mer avec un photographe passionné, Thierry Vogelstahl, qui lui fournira de magnifiques photos de Luths en mer.
Jacques préparera avec Sylvie Allen-Mahé des manifestations et documents pédagogiques (Fête de la Luth, exposition, édition d'un timbre poste et d'une carte postale, dépliant, T-shirt, numéro supplément de l'Echo des Caps, fresque à l'aéroport,...) . Il écrira même une chanson : Dame Luth.
Mais on lui "mettra des bâtons dans les roues", et il ne réussira qu'à produire la carte postale !
Confusion fréquente des Luths
entre méduses et sacs plastique
Modèle de T-shirt
La carte postale éditée
Affaires juridiques
Dans les années 1970, l’administrateur régional des Affaires Maritimes R. Jaffray fait prendre des arrêtés préfectoraux pour protéger les tortues marines en Guyane, Martinique et dans l’archipel guadeloupéen. Il le contacte et ils collaboreront.
1977 : Il est rédacteur et rapporteur, auprès du Comité permanent du Conseil national de Protection de la Nature, du projet d’arrêté ministériel métropolitain "Reptiles et Amphibiens", dans le cadre de la Loi de Protection de la Nature de 1976 ;
Il est chargé de mission par le Directeur de la Protection de la Nature (ministère de l’Environnement) pour définir les menaces pesant sur la faune et la flore en Guyane française. Et en 1981, il présentera les projets d’arrêtés ministériels pour les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et Amphibiens de Guyane.
1990 : Rédacteur, avec Gilbert Simon, Directeur de la Protection de la Nature, de projets d’arrêtés ministériels visant la protection des tortues marines en France métropolitaine, en Guyane, en Guadeloupe et Martinique.
Il se bat contre l’élevage illégal de Tortues vertes à la Réunion en provenance des îles Tromelin et Europa. Il gagnera après une dizaine d’années de combats.
Rédacteur du chapitre sur les tortues marines dans le Livre rouge des Espèces marines et littorales françaises menacées (Secrétariat Faune Flore). Coordinateur Reptiles dans le Livre rouge des Espèces menacées en France (Secrétariat Faune Flore).
1992 : Rédacteur du projet de classement en réserve naturelle de la région de la Basse-Mana (Guyane) pour le ministère de l’Environnement.
2005 : corédacteur scientifique de l’arrêté ministériel sur la protection des tortues marines sur l’ensemble du territoire français.
2022 : Refonte par Jacques du précédent arrêté pour y adjoindre Mayotte, les îles Eparses, Clipperton et ajouter quelques nouvelles précisions sur les habitats. Il est l’animateur d’un groupe juridique (Groupe Tortues Marines France) pour le ministère de l’Écologie.
Patrick Triplet
Lors de la "réanimation"
du mémorandum en 2023 !
Chélonée
En 1997, avec Jean Lescure (MNHN Paris) et Marc Girondot (Fac Jussieu), il crée l’association Chélonée et en devient président. Pour commencer, elle regroupe les anciens volontaires des campagnes Kawana. Puis, réanimée par des subventions annuelles du ministère de l’Écologie, elle servira à faire fonctionner les projets africains et sera coordinatrice avec le Service du Patrimoine du Muséum de Paris, en 2018, du colloque français sur les tortues marines. Il fut président de cette association jusqu'en 2019, puis laissa cette fonction à Patrick Triplet, devenant président d'honneur.
CMS - Mémorandum d’Abidjan
En 1998, il créé avec D. Hykle et Manjula Tiwari le Mémorandum d’Abidjan (« MdA d’Abidjan ») de la Convention sur les Espèces migratrices ( CMS), lequel sera signé par 23 Etats africains. Manjula et lui, coordinateurs scientifiques, tenteront de le faire vivre. Après deux réunions, une au PNUE à Nairobi en 2002 et l’autre à Dakar en 2008, le MdA tombera dans l’oubli. Ce n’est qu’en 2023 que Manjula tentera de le réanimer avec la CMS.
Avec ManjulaTiwari
Douglas Hykle, secrétaire exécutif de la CMS,
pendant la signature du mémorandum, en 1998.
Avec Manjula Tiwari à ses côtés, il est le représentant de la France, un conseiller de l'ambassade à sa gauche, à la réunion de 2008.
Résolution de la convention de Ramsar
(Zones humides d’Intérêt International)
Rédacteur du projet de classement en site Ramsar des marais et plages de la Basse-Mana (Guyane). Pour la première fois, un classement Ramsar est fait pour ses habitats de nidification de tortues marines et non pour ses Oiseaux.
En 2018, avec l’aide de Patrick Triplet (expert de la convention de Ramsar), il rédige une résolution sur les habitats (jusqu’à 6 mètres en mer) qui sera présenté à l’adoption internationale à la COP XIII par la France et le Sénégal. Ils publieront en 2021, un ouvrage en 3 langues (français, anglais, espagnol) passant en revue les sites Ramsar classés avec habitats de tortues marines et les sites méritants de l’être. En 2024, le ministère de l’Ecologie lui demande de présenter des projets de sites à classer Ramsar à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.
Jacques a proposé au ministère de l’Ecologie de classer en site Ramsar tout le sud de l’île de Mayotte.
Proposition de classement Ramsar
au sud de Mayotte
Un révolutionnaire
Il est copain avec Claude Silberzahn, préfet de la Guyane. En 1983, celui-ci lui passera discrètement le dossier du futur barrage hydro-électrique de Petit Saut. Jacques cherchera en vain des appuis pour empêcher cette destruction de 365km² de forêt tropicale.
Anecdote amusante. En 1984, il devient conseiller du Premier Ministre et a donc un bureau à l’hôtel Matignon. Un jour, il invite Jacques à venir le voir. Il se rend donc à Matignon avec sa vieille voiture pleine d’autocollants écolos. Les gardes lui disent d’entrer dans la cour et de se garer. Et Jacques gara sa voiture à côté des voitures noires impeccables que les chauffeurs astiquaient.
Devenu directeur de la DGSE (direction de la Sécurité extérieure) quelques années plus tard, Claude Silberzahn lui renouvellera son amitié en lui glissant un numéro de téléphone où il pourra appeler s’il se trouve bloqué dans un pays africain. Il lui dira : «Où que tu sois, on viendra te chercher!».
Barrage de Petit Saut
En pays amérindien
En 1978, Jacques s’installe pour 6 mois dans un bâtiment de l’ancien bagne des Hattes, à côté d’un village amérindien Kaliña Tilewu. Sans eau courante ni électricité, il fera sa toilette et sa cuisine avec l’eau de pluie
Il passera sur ce site, chaque année, entre 4 et 6 mois.
Dans une publication, avec l’ethnolinguiste Odile Lescure, il officialisera le nom Yalimapo comme nom de ce village, et ce sera repris sur les cartes de l’IGN.
Il luttera aux côtés de Félix Tiouka et de la Fédération des Organisations amérindiennes de Guyane (FOAG) pour que la culture amérindienne ne soit pas laminée par l’administration française.
Par 2 fois il ira en zone interdite jusqu’à Antecume Pata, le plus gros village Wayana dans le Haut Maroni. Il y retrouvera André Cognat (Antecume était son nom Wayana) qu’il avait rencontré pour la première fois à Cayenne en 1971.
La deuxième fois ce sera Brice Lalonde, ministre de l’Ecologie, qui lui demandera d’accompagner Jéromine Pasteur jusqu’à Antecume-Pata. Jéromine a vécu, au Pérou, chez les Amérindiens Ashaninkas
André, Jéromine et Jacques discuteront de préservation de l’identité culturelle amérindienne qui est vouée à disparaitre et les dommages de l’alcool.
Jéromine, Jacques et Antecume
Antecume, son fils Aliki et Jacques
Femme Wayana dans son hamac
En cinquante années de terrain, Jacques s’est battu inlassablement, gagnant de nombreuses batailles et en perdant d’autres. N’est-il pas l’instigateur de quatre musées de la mer et des tortues, d’écloseries, de deux stations d’études, quasiment dans le monde entier… et surtout d’une multitude d’actions de sensibilisation à la préservation des tortues marines et de leurs habitats ?
Avec son collègue américain Jack Frazier, ils se disent frères révolutionnaires et agissent de concert pour un inlassable combat.
Jack Frazier