Jacques Fretey

Herpétologue - ethnozoologiste

Spécialiste des tortues marines

Il croise au Costa Rica Leo Daniel Brongersma, grand herpétologue hollandais, et le premier à s’intéresser aux tortues marines en Europe, au Surinam, en Afrique,... Alors déjà âgé de 76 ans, le professeur déplore le manque de connaissances sur les tortues marines d’Afrique de l’Ouest. Ses propos, il ne les oubliera pas et, tandis qu’il s’active encore en Guyane, il pense à l’Afrique où il séjourne ponctuellement, découvrant au Gabon d’importantes plages de ponte de Luths. Puis il se rendra, pour initier des projets dans divers pays d’Afrique Centrale (Cameroun, Sao Tomé et Principe, Guinée Equatoriale, Gabon, Congo Brazzaville, RDC), au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Togo, au Bénin, à Mayotte.

 

Peter C. H. Pritchard dira de lui : « Dur, tenace, indépendant, franc, il n'est pas un fonctionnaire ni un bureaucrate, mais plutôt un homme qui supportera toutes sortes de difficultés et résistera à la voie traditionnelle des promotions lentes de carrière afin de défendre les écosystèmes et la faune qu'il aime. J'ai fait des recherches sur la Tortue luth Guyane française pendant les années 60, et quand Jacques a assuré le projet dans les années 70, je suis venu pour le connaître, et nous sommes rapidement devenus de bons amis, peut-être en raison dans un rapport de confrérie européenne dans un terrain dominé par les Américains.»

 

Et Allain Bougrain-Dubourg, son ami président de la Ligue de Protection des Oiseaux, écrira à son sujet : « Le visage creusé, la barbe dense, le regard pointu, Jacques Fretey ne s’embarrasse pas de bienséance. A ses yeux, la vérité de terrain reste le seul savoir-vivre. » 

Premiers projets de conservation


En 1970 et 1971, travaillant avec le Centre ORSTOM de Cayenne, il participe avec l’océanographe Martial Rossignol à des missions d’étude sur l’état postlarvaires des crevettes dans les marais de la Basse-Mana ; c’est alors qu’il découvre les pontes de tortues marines sur les plages attenantes, principalement des Tortues olivâtres. C’est à cette occasion qu’il fait connaissance avec sa première Luth (Dermochelys coriacea). Il prend des notes sur ce qu’il observe. Un groupe de chercheurs naturalistes de l’ORSTOM, du Muséum de Paris et de la SEPANGUY dont il fait partie, informent la préfecture de la Guyane et les instances ministérielles concernées de la nécessité de créer des réserves naturelles, dont une pour la Basse-Mana.

Spécialiste des tortues marines


Il devient spécialiste des tortues marines grâce à Archie Carr et P. C. H. Pritchard dès la fin des années 1970.


Il travaillera sur le Tortue luth en Guyane française pendant 20 ans et en baguera environ 10 000. Aucun chercheur par le passé ou actuel ne connait cette espèce mieux que lui. Chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, il fait l’inventaire des Chéloniens de Guyane française. Il réhabilitera des espèces entrées en synonymie. Dans les années 1980, il découvre l’importance des plages du Gabon pour la nidification de la Luth et celle de Long Island (Antigua) pour celle de la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Au début des années 1990, il désignera la plage de Saziley comme importante pour la Tortue verte (Chelonia mydas) dans le sud-ouest de l’océan Indien.

Les premières recherches


En 1970, il fait des recherches sur les Serpents pour le compte de l’Institut Pasteur et la Direction des Services Vétérinaires de Guyane française.


Peter Pritchard lui conseille de focaliser ses objectifs sur l’estimation quantitative des cohortes deLuths femelles venant pondre en Guyane. Une demande de financement pour ce projet est demandée avec Jean Lescure au ministère de l’Environnement, au Muséum et au WWF International. Mais il faudra attendre 1977 pour que le projet puisse démarrer. Dès 1977, l’estimation faite par Pritchard est confirmée par Jacques et son équipe amérindienne.

Harnachement d'une Luth femelle 

avec une balise Argos factice

Première injection 

d'un PIT Trovan

Les années suivantes il publiera des données inédites sur la Luth.

1983 : Premiers essais au monde d’équipement d’une tortue marine avec un émetteur Argos. Il sera aussi le premier, avec l'aide de la société Trovan, à utiliser des transpondeurs magnétiques (PIT).

Lorsque l’écloserie est créée, elle devient un excellent laboratoire pour étudier le développement embryonnaire. Des embryons sont prélevés pour étudier les appendices épithéliaux de la région cervicale avec le Pr Albert Raynaud (Institut Pasteur), la glande à sel avec Michel Lemire (Laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum de Paris) ou faire une table de développement avec Sabine Renous (Laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum de Paris).

Dès 1977-78, Jacques fait le constat d’une importante destruction des nids par l’érosion des plages aux grandes marées, leur pourrissement par l’infiltration de l’eau des marais côtiers, l’autodestruction par les Luths dans les zones de grande concentration, le braconnage et le déterrage par les chiens errants des villages amérindiens. En estimant le nombre annuel d’œufs pondus et le nombre observé d’émergentes, il en déduit que le taux de réussite des œufs ne dépasse pas 4,5%. Au Surinam, les œufs de Tortues vertes et olivâtres sont incubés dans des boites en polystyrène. L'équipe guyanaise teste donc cette méthode pour les œufs de Luths. En 1974, le biologiste français Claude Pieau, de l’Institut Pasteur, avait découvert chez une tortue terrestre et une tortue d’eau douce que le sexe de l’embryon varie avec la température d’incubation pendant une période thermosensible. Jacques discute avec Pieau de la possibilité qu’un facteur identique existe chez les tortues marines. Nous commençons alors un projet visant à vérifier avec lui si le déterminisme du sexe par la température peut se confirmer chez l’embryon de Luth. La station météo de Saint-Laurent-du-Maroni nous prête des thermographes Richard. Nous plaçons les sondes sur la plage de Yalimapo, au sein de plusieurs nids de Luths. Malheureusement, ces thermographes, dont le but initial ne nécessite pas une grande précision, ne répondent pas à nos besoins et nous perdons alors plusieurs saisons de ponte à tenter d’obtenir des résultats exploitables. Frédérique Rimblot et Marc Girondot travaillent sur ce sujet avec Pieau à Paris et avec Jacques en Guyane.

En 1980, le Conseil général met à sa disposition les ruines d’un ancien bâtiment pénitentiaire du bagne des Hattes, envahies de végétation et situées entre le village de Yalimapo et le marais de Panato, à environ 100 mètres de la plage. Ces ruines sont inscrites au Patrimoine historique de la Guyane. Le Conseil général donne un crédit pour commencer les travaux de restauration. Le Service Mer du ministère de l’Outremer nous conseille de créer une association paraétatique permettant d’obtenir plus de fonds publics et de faire de la future écloserie un projet officiellement pilote. Le 22 juillet 1982 est ainsi créée l’A.G.E.O.T.M.G. (Association de Gestion des Ecloseries d’œufs de Tortues Marines de Guyane) avec comme membres de droit le préfet, le chef coutumier de Yalimapo, le président de la Fédération des Organisations amérindiennes de Guyane (F.O.A.G.), le directeur du Muséum de Paris, les présidents de diverses ONGs (Sepanguy, Société herpétologique de France, SNPN, FFSPN, WWF, Greenpeace…).

Jacques collectant des œufs, puis vérifiant dans l'écloserie que l'incubation se déroule bien.

L’ensemble fonctionne sur énergie photovoltaïque grâce à des panneaux installés sur le toit et un système de "bassin solaire" dont l’air chaud est pulsé vers une pièce du bâtiment où sont incubés des œufs à 31°C. Notre objectif est, suivant nos recherches sur le déterminisme du sexe des embryons, de mettre au point une technique écologique d’incubation thermorégulée des œufs de tortues marines. Les deux chambres d’incubation, expérimentales, doivent théoriquement conduire à un sexage des embryons par le seul fait de leur température constante. Elles sont isolées thermiquement par des cloisons épaisses de polystyrène et accessibles par un sas où on ne rentre qu’après passage dans un pédiluve désinfectant.

 

L’écloserie étant réellement fonctionnelle en mai 1987, le mois même du décès du Professeur Archie Carr, son nom lui est donné. Elle est la première au monde à fonctionner ainsi, permettant de choisir le sexe des œufs mis en incubation. Mais, certains journalistes nous traitent "d’apprentis sorciers".

Entrée des sas de l'écloserie Archie Carr

Les taux de réussite d’incubation d’œufs de Luths sont mauvais les premières années, alors qu’il dépasse facilement 80% chez la Tortue olivâtre. Des études bactériologiques montrent la nécessité d’améliorer les conditions de prélèvement des œufs et d’éliminer au maximum les causes de contaminations bactérienne et fungique, en particulier par les mains sales et le sable. Une technique de lavage des œufs de saumons en élevage par une solution iodée est adaptée. Les boites de polystyrène utilisées sont remplacées par des plateaux en plastique facilement lavable. Les couches de sable au-dessous et au-dessus des œufs sont supprimées. Le taux de réussite d’incubation des œufs de Luths peut enfin dépasser les 70%. 

Le problème de réussite d’incubation étant réglé, il faut ensuite améliorer le processus compris entre l’éclosion, la période d’émergence théorique hors du sable et le départ vers la mer. Après des tâtonnements, les œufs prêts à éclore sont placés dans des cuves remplies de sable sur une hauteur d’environ 80 cm. Les tortues y remontent en surface comme dans des nids naturels. Nous augmentons ainsi aussi la viabilité des nouveau-nées de plus de 40%. Mais, placées sur la plage quelques heures plus tard, elles ont perdu toute excitation de départ. Un enclos est donc construit en haut de plage avec, du côté mer, un volet de bois au ras du sol pouvant s’ouvrir. Les œufs prêts à éclore sont placés dans des trous qui sont refermés et entourés d’un cerclage de grillage. Lors de l’émergence, le cerclage est retiré, les nouveau-nées comptées, et le basculement du volet permet leur départ de façon naturelle vers la mer.

 

L’ancien bagne devenue écloserie sera désormais, et jusqu’au milieu des années 1990, à la fois le camp de base des Campagnes Kawana, une station de recherches, un musée, le noyau dur de la protection de la Nature en Guyane française, et le lieu d’incubation de milliers d’œufs.

Peter Pritchard écrira encore : « Je suis entré à l'intérieur de cette étrange écloserie. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais ce que j'ai trouvé étaient des rangées et des rangées de boîtes d'œufs de tortues. Une grande expérience était en cours. Elle était de Jacques, et due à ses relations de travail et d’amitié avec le distingué scientifique français Claude Pieau, lequel avait effrayé le monde scientifique en découvrant que le sexe d'une tortue, chez la grande majorité des espèces, dépendait de la température de l'incubation de l'œuf. Jacques continuait en Guyane, pour la première fois chez les tortues marines, l’œuvre pionnière de Pieau. Ainsi étaient créés des mâles et des femelles "à la demande", les salles étaient donc innocentes, mais à quoi servaient donc les bouteilles de vin ? Il s'avéra que c'était un dispositif de chauffage solaire d'eau contenue dans les fameuses bouteilles, extrêmement ingénieux, utilisant l'isolation, conversion passive, et le chauffage différentiel des bouteilles de vin dans l’obscurité afin de permettre de réguler les différentes températures ambiantes dans les deux salles d’incubation, où certains ensembles d'œufs produiraient des mâles, et les autres des femelles. Ingéniosité, conservation, recyclage, travaux sur le terrain, science, utilisation de matériaux naturels, tout dans cette écloserie était réuni. » 

IUCN Marine Turtle Specialist Group et WIDECAST


En 1983 (Costa Rica) et 1987 (Porto Rico), le ministère français de l’Environnement le désigne comme représentant de la France au Western Atlantic Turtle Symposium (WATS I et WATS II).


En 1983, le Pr Archie Carr lui demande de faire partie du groupe IUCN SSC Marine Turtle Specialst très fermé, prestigieux à l’époque, qui ne compte que 20 scientifiques. Quelques années plus tard, il sera co-chairman et chargé de la région de l’Atlantique Sud-Est.



Le Pr Archie  Carr (complètement à droite) , 

en 1983, à Tortuguero (Costa Rica),

avec  son équipe du IUCN SSC Marine Turtle Specialst Group

Il est repéré par Milton Kaufmann, le créateur du WIDECAST (Wider Caribbbean Sea Turtle Conservation Network) Il intègre le conseil d’administration et y restera une douzaine d’années. Il en organisera la réunion annuelle en Guadeloupe.

Albert Wiliam, chef coutumier de Yalimapo

Daniel William

Premiers suivis des plages de ponte guyanaises

 

En 1977, sept Amérindiens sont recrutés Jean Lescure et Jacques dont Daniel William, fils du chef coutumier de Yalimapo. Un camp est établi sur la presqu’île sableuse longue de 3 km qui prolonge cette année-là la Pointe Isère (Apotïlï). Des prospections régulières à pied sont faites vers les différentes plages situées plus au sud-est jusqu’à la crique Organabo, afin de définir les meilleures zones de ponte à surveiller.

 

Au pic de la saison de ponte, Daniel William propose d’aller suivre les montées de Luths sur la plage de Yalimapo. Le résultat est spectaculaire, et son père, chef coutumier, propose que Jacques s’installe dès l’année suivante dans son village. Le Conseil Général met à sa disposition le bâtiment pénitentiaire des Hattes.

Selon les possibilités financières et humaines, des camps temporaires sont mis en place sur certaines plages autres que Yalimapo comme Amanapotïlï ou Farez. Des rencontres sont faites avec Joop Schulz, puis Henk Reichart, au Surinam, et une amicale coopération commence avec le STINASU.

 

Les campagnes Kawana

 

A partir de 1981, Jacques, responsable scientifique du projet, commence à être aidé par des bénévoles dont la motivation et les compétences techniques permettent de gagner en efficacité. Ainsi naissent et se développent les Campagnes Kawana, du nom amérindien Kaliña de la Tortue luth.

Jean Lescure

Camp WWF sur une plage 

de sable guyanaise très isolée

Le nombre d’écovolontaires variera d’une saison à l’autre pour atteindre pendant une saison un maximum de 120 personnes pour 10 camps répartis de Yalimapo à la plage de Malmanoury. Le nombre de camps saisonniers a souvent varié de 3 à 5 selon les budgets engagés, mais à partir de 1977 et jusqu’en 1996, aucune plage prioritaire n’est restée sans surveillance.

Le WWF-International soutiendra le suivi des tortues marines en Guyane française jusqu’en 1983. En ce début des années 80, divers financements interviennent et se complètent : Sepanguy, SNPN, CNRS, Rettet die Schildkröten, préfecture de la Guyane, divers ministères (Environnement, Mer, Outremer…), des sponsors (lunetterie allemande Fielmann, Fondation Gzrimek, bateaux pneumatiques Metzeler et Elefant, Kobler, Liebig, Géo Magazine, Ein Herz für Tiere, banques Hervet et BFC…). Le projet obtient le label "Année européenne de l’Environnement », manifestation où il représente officiellement la Guyane. La Communauté européenne, jugeant ce projet prioritaire, donne des subventions pendant trois saisons.


A partir de 1994, la plage de Rémire-Montjoly étant débarrassée de la mangrove et à nouveau fréquentée par les tortues, une petite équipe des Campagnes Kawana y travaillera.


En 12 ans, plus de 600 écovolontaires internationaux auront agi avec Jacques pour les campagnes Kawana, avec la moyenne annuelle d’une quarantaine de personnes. Ils sont venus de quelque 27 pays différents, même si la majorité était formée d’Européens. Certains seront des étudiants de divers niveaux venus préparer un diplôme (thèse de doctorat, thèse vétérinaire, DESS, DEA, diplômes étrangers). Ce sera une pépinière extraordinaire de jeunes naturalistes : Marc Girondot, Françoise Claro, Maël Dewynter, Alexis Billes, Thierry Frétey (son neveu),... Ils feront tous de belles carrières.

Réunion du matin dans la salle commune de l'écloserie, sous une fresque représentant l'atterrissage d'une Luth.

La sensibilisation de scolaires est importante 

et Jacques y passe du temps.

Il continuera plus tard à faire la même chose avec de jeunes Africains : Hyacinthe Angoni, Feitoumatt Lematt Hama, Henri Abi Nibam, Gabriel Segniagbeto, Hawa Kossinantao,...


A ce propos, il écrira : « J’aurais passé ma vie à semer des petites graines… comme mon grand-père qui était pépiniériste, et mon père fleuriste, en formant des jeunes biologistes. »

Un beau Tamandua sur une branche

Dortoir d'Ibis rouges

La réserve de l’Amana


En 1979, il écrit un rapport au ministère de l’Environnement sur les résultats obtenus pendant ces premières trois années, et confirme la nécessité de créer la réserve de la Basse-Mana. Des inventaires ornithologiques, ichtyologiques, herpétologiques, mammalogiques, entomologiques… dans le cadre des premières ZNIEFF (Zones nationales d’Intérêt écologique, faunistique et floristique) sont faits ; de nouvelles espèces de Poissons et d’Insectes sont décrites, dont deux micro-guêpes qui seront décrites par Jacques. Engrangeant (grâce à ses formidables écovolontaires naturalistes dont Hubert Geraux) ces données sur la biodiversité des marais côtiers, il préparera ensuite plusieurs projets de délimitation de la réserve dont un, réalisé avec le directeur de l’Environnement Antilles-Guyane, qui prend vraiment date. Le processus est lancé, et va jusqu’à l’enquête publique. Mais les ministères de l’Outremer et de l’Agriculture, poussant le dossier de la riziculture mananaise, font stopper la procédure de mise en réserve. Mais il ne baissera pas les bras.

Après 25 ans de lutte, en 1998, un décret ministériel classera enfin les plages et les marais de la Basse Mana en réserve naturelle nationale. La réserve voit enfin le jour mais sa superficie a été amputée de moitié par une riziculture moribonde.

Avec un Tamanoir

Naturaliste, Jacques Fretey s'intéressera à toute la faune guyanaise...

Capture d'une Matmata...

.. et d'un Caïman à lunette

Paresseux Aïe tel un nouveau né dans ses bras

Les musées tortues marines et la sensibilisation

 

L’une des plus grandes salles du bâtiment principal de l’écloserie de Yalimapo est transformée par Jacques en petit musée expliquant les espèces, la biologie, la reproduction des tortues marines et les menaces pesant sur elles. Un fléchage depuis la plage incite les touristes à venir voir l’écloserie et son musée. La grande originalité de celui-ci réside dans ses fresques murales qui ont demandé un art graphique habile mais peu d’argent, et un impressionnant squelette de Luth (préparé par un taxidermiste suisse) permettant d’expliquer l’absence de vraie carapace chez cette espèce. Des embryons de Tortues vertes, de Tortues olivâtres et de Luths, à divers stades et conservés en alcool, accompagnés de dessins muraux explicatifs, montreront 

les diverses étapes du développement embryonnaire.

Le petit musée de Yalimapo était fréquenté 

chaque année par des dizaines de scolaires

Professeur de biologie de Mana expliquant  à ses élèves le protocole de ponte d'une Luth.

 

 

 

 

 

Le petit musée de Yalimapo, qui n’aura pas coûté grand-chose pour sa création, sera classé parmi les 100 meilleurs musées français pédagogiques. Jacques parti de Guyane en 1996, la nature envahira écloserie et musée.

A partir des années 80, des centaines d’écoliers et de collégiens seront passés par le musée de Yalimapo, et auront entendu parler de la protection de la nature pour la première fois à cette occasion. Un parcours pédagogique est organisé sous forme de jeu de piste, permettant aux élèves d’acquérir des connaissances sur les tortues marines, les milieux naturels littoraux, et la culture amérindienne. Des lycéens créoles de Cayenne, en classe de seconde, conduits par un extraordinaire professeur de biologie viennent participer aux campagnes Kawana. De même, un professeur du collège pluriethnique de Mana, vient parfois prolonger ses cours de sciences naturelles à Yalimapo. Les écoles primaires d’Awala et de M’Homgs de Javouhey deviennent des partenaires réguliers, et il devient possible de braver les tabous parentaux pour présenter les tortues marines aux enfants de façon ludique et naturaliste.


Les enfants et adolescents amérindiens de Yalimapo prennent vite l’habitude, en fin d’après-midi, de venir passer du temps à l’écloserie, pour regarder des livres ou dessiner. Et lors de lâchers de nouveau-nées de l’écloserie sur la plage, ils sont toujours intéressés pour y participer. 

Sur la plage de Playa Grande, au Costa Rica, un musée sur les tortues marines est nécessaire. On lui demande de faire une maquette. Avec le photographe Olivier Grünewald il fera une proposition qui plaira aux visiteurs.

Par des photos, le musée de Playa Grande explique la reproduction des Tortues luths

Au Cameroun, dans la station Maison de Ndiva, une grande pièce sera consacrée pour expliquer la biologie des tortues marines aux scolaires et aux visiteurs extérieurs.

La Caraïbe

Au début des années 1980, avec le Parc naturel régional de Guadeloupe, Jacques Fretey créera le Groupe Karet. Il explorera toutes les plages et interrogera les riverains à la recherche de preuves de nidification des tortues marines. Il s’attaquera également, avec l’ONF, aux boutiques de souvenirs vendant des produits tortues marines (tortues et têtes naturalisées, bijoux et objets en écailles). Il écrira à Robert Badinter, Garde des Sceaux, pour dénoncer l’artisanat de l’écaille à la prison de Basse-Terre.

En 1983, visitant son ami avocat John Fuller à Antigua, il découvrira un bon site de ponte d’Eretmochelys imbricata sur la plage de Jumbo Bay sur son île de Long Island.

 Maison de la Nature de l’Aube

 Allain Bougrain Dubourg devant des peaux de Caïmans noirs dans un entrepôt de Cayenne 

Diverses actions de conservation


Fonde des projets de terrain sur les tortues marines en Guadeloupe, à Antigua, à Mayotte, au Gabon, au Cameroun, à Sao Tomé et Principe, au Togo, en Mauritanie, en Guinée...


En France, créé avec Annelise et Michel Abit, la Maison de la Nature de l’Aube, dont il sera président. Il se battra pendant 10 ans contre l’établissement de grossissement de Tortues vertes installé à Saint-Leu (La Réunion) et sera expert pour la CITES où il dénoncera cette aberration.


Le WWF


Devenu salarié du WWF-France, Jacques s’intéresse à tout l’Outremer français, pour lequel il crée un service WWF pour la protection de l’environnement ultramarin. Ce sera le point de départ de l’installation de bureaux en Nouvelle-Calédonie, en Guyane… Ce qui poussera aussi l’UICN-France à en faire autant et à rédiger un Livre blanc de l’Outremer auquel participera activement Jacques.

Membre du Comité Amérique Latine du WWF-International, il participera à des missions au Brésil, au Mexique, au Panama... 


Il dénonce l’orpaillage illégal en Guyane, responsable du déversement de centaines de kilos de mercure dans les rivières, et donc en mer. Un poison violent pour les Amérindiens des fleuves, un poison pour les tortues du littoral. Jacques organise, au début des années 1990, une conférence de presse à Paris sur ce sujet. La presse s’y était alors peu intéressée. Il lutte aussi en Guyane et à Paris, dans l’indifférence générale, contre l’ouverture d’une route en direction du Brésil et la création du barrage de Petit-Saut, deux énormes projets très destructeurs de la forêt primaire.


Accompagné de quelques-uns de ses fidèles écovolontaires, voyant que l’Etat français protège d’un côté et détruit de l’autre, il créa un commando écologiste, le FLUG (Front de Libération des Urubus Guyanais) et mène des actions contre les pollutions et les destructions de marais par la riziculture, l’exploitation des Ibis rouges pour faire des fleurs artificielles, la Base spatiale de Kourou et ses rejets d’alumine et d’acide chlorhydrique, le trafic de peaux de Caïmans, le trafic d’animaux sauvages vivants vers l’Europe…

Occupation, face aux bulldozers, de la dernière forêt primaire atlantique

En 1996, le WWF-France considère que Jacques devient incontrôlable et son directeur, venant de... Rhône-Poulenc, le licencie. 


La réserve naturelle de l’Amana pouvait théoriquement prendre le relai des campagnes Kawana, mais son mauvais fonctionnement fit qu’elle ne remplaça jamais jusqu’à ce jour les campagnes Kawana.

L’île de Gorée, un doux rêve


Projet de Jacques de réhabiliter la station de biologie marine et son Musée de la Mer, appartenant à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), créée en 1956 sur l’île de Gorée, face à Dakar. Avec création d’une station scientifique régionale ouest-africaine d’études et de conservation des tortues marines


En 2008, les 23 Etats africains signataires du Mémorandum d’Abidjan et le PNUE entérinaient l’idée de faire sur Gorée –île classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO- une Antenne scientifique tortues marines. Le projet, soutenu par beaucoup d’organismes (IFAN, mairie de Gorée,...), fondations et associations (Fondation Nicolas Hulot, Fondation nature & Découvertes, Fondation française des Sociétés de Sciences naturelles, Société nationale de Protection de la Nature,…), le service muséographique du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, le ministère français de l’Ecologie.


Très gros projet que Jacques a commencé en 2002 qui nécessite la réhabilitation de bâtiments historiques, la création d’une muséographie contemporaine… Il paie un architecte, et un muséographe, et Jean Larivière (ex-éditeur du MNH Paris). Ambroise Monod, fils de Théodore Monod est derrière lui. Il demande l’aide de la direction Afrique de l’UNESCO qui accepte à condition que ce soit le Sénégal qui le demande. Et le gouvernement sénégalais ne bougera pas. Que ce projet n’ait pas abouti sera perçu par Jacques Fretey comme un profond échec.

Le Musée de la Mer de Gorée vu de l'entrée

L'île de Gorée, au large de Dakar

Ses projets africains


Nicole Girardin, conseillère à l’Institut Pédagogique du Gabon comprend, après un voyage en Guyane française, que les traces qu’elle observe sur la Pointe Pongara sont celles de Tortues luths venant pondre et écrit en avril 1984 au Musée Océanographique de La Rochelle. Le conservateur, Raymond Duguy, lui conseille de s’adresser à J. Fretey au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Une correspondance s’établit immédiatement entre N. Girardin et Jacques, permettant un premier suivi des pontes sur la presqu’île en face de Libreville. Une mission financée par le WWF-France a lieu fin 1985, avec un survol du littoral financé par Elf-Gabon. Onze Luths femelles sont marquées pendant la saison de ponte 1985-1986. Jacques, par la voie de Marine Turtle Newsletter, informe la communauté scientifique internationale de la découverte au Gabon d’importants sites de nidification de la Tortue luth, jusqu'à la frontière congolaise. Un important site de ponte mondial avait été découvert.

En 1989, il organise grâce au programme européen ECOFAC une réunion régionale à laquelle assiste Douglas Hykle, secrétaire de la convention de Bonn sur les Espèces migratrices (CMS). PROTOMAC (PROtection des Tortues Marines d’Afrique Centrale) est créé. La direction en est confiée à Alexis Billes, un de ses anciens thésards vétérinaires de Guyane, sur financement des Affaires Etrangères.

Réunion à Ekwata (Gabon) des biologistes tortues marines d'Afrique Centrale

Manjula Tiwari, Alexis Billes , Alain Gibudi et 

Jacques Fretey dans le bureau PROTOMAC 

dans les locaux d'ECOFAC.

En 1999, il envoie 4 étudiants français prospecter le littoral du Cameroun. Il les rejoint et commence pour le projet de la Banque Mondiale Campo Ma’an une prospection au sud de la ville de Kribi. Pour ce faire, il embauche plusieurs personnes dont Tobie, un excellent braconnier. Il établira son PC dans le village d’Ebodjé dont il deviendra notable de sa Chefferie. Financé par le US Fish & Wildlife Service, il fera travailler Tobie et une équipe à partir de 2019 dans le Parc national de Douala-Edea.

Avec Feitoumat Lematt Hama

En 2008, lors d’une réunion du MoU d’Abidjan à Dakar, le directeur des Aires Protégées et du Littoral, représentant de la Mauritanie, discuta avec lui de la nécessité de préparer un Plan d’Action mauritanien. Avec un financement de la Fondation Nature & Découvertes et le Bureau UICN-Mauritanie comme gestionnaire, il commence un projet qu’il appellera « Digmile ». Avec Feitoumat Lematt Hama comme étudiante en thèse, ils travailleront dans ce pays pendant cinq ans. Ils découvriront des pontes de Caouannes et de Tortues vertes dont suivront la température d’incubation des œufs (plus de 36°C, sans doute l’une des plus élevées au monde). Ils feront de la sensibilisation en pays Imragen et examineront les nombreux échouages de cadavres.

 

2009 : Avec Tomas Diagne du Sénégal, il loue un bateau en Casamance et accompagné de Castro Barbosa (Guinée Bissau) ils explorent les îlots des Bijagos à la recherche de pontes de Tortues imbriquées.

2010 : M’Mah Soumah (Centre des Recherches halieutiques de Boussoura, Conakry) demande à Jacques de venir faire le point sur les tortues marines en Guinée. Ils confirment la nidification de la Tortue verte et de la Tortue imbriquée dans les îles de Loos, comme l’avait affirmé Sylvie Letourneau, une étudiante canadienne de Jacques. Puis, ils installent le Projet Kaloe Kurè et poursuivent les recherches dans l’archipel des Tristao avec M'Mah Soumah, Hawa Kossinantao et Patrick Triplet. Jacques y fera construire une station de recherches au début des années 2020.  Ils auront pour mécènes la Fondation Mohamed bin Zayed et SMB.

Jean-Pierre Malaussena soignant un patient au dispensaire de Katfoura

L’Afrique et l’aide humanitaire


Il en est convaincu : le sauvetage des tortues passe par celui des hommes. Il s’investit dans l’aide humanitaire aux villageois braconniers, essayant de leur faire supprimer l’exploitation des produits (viande, graisse, sang, carapaces, écaille…) par une sensibilisation et amélioration de leur qualité de vie.

Pour aider les Iyassa du Cameroun, il créera l’association Somè (= Fraternité) et avec sa fille Eve, aidera un dispensaire et fera parrainer des enfants par des familles françaises. Il établira un jumelage entre une commune française, Courteranges, et la commune de Campo. Sur l’île Katrack (archipel des Tristao, Guinée), son projet Kaloe Kuré finance l’école, le dispensaire, la mosquée du district de Katfoura. Dans les îles Tristan il fera venir ses amis les Drs Gérard Amigues et Jean-Pierre Malaussena pour s'occuper du dispensaire.


Il débarque au Cameroun en 1998, à Ebodjé, où il est accueilli par le chef de village dont le nom de clan, mieux qu’une légende, semblait prédestiné, Ndiva Membila signifie en langage Iyassa : « La tortue luth qui court ». Il s’installe et crée, sur un terrain donné par le village, une station d’étude et de conservation des tortues marines, la "Maison de Ndiva » sur financement de la Banque mondiale et de l’Union européenne. Il y fera un petit musée, avec des fresques peintes sur les murs par Andreia Florentina et Jean-Luc Goss.

Jacques, notable de la Chefferie d'Ebodjé, en compagnie de deux Chefs coutumiers

Réalisation par J-L Goss d'une fresque sur les Primates dans la Maison de Ndiva, à Ebodjé (Cameroun).

Il est promu notable du village lors d’une cérémonie au cours de laquelle lui est remis le bâton chasse-mouches de sa nouvelle fonction.

 

Pendant 25 ans, Jacques Fretey s’est battu, au Cameroun, pour que toute la côte et jusqu’à 40 km en mer, au sud de la ville de Kribi, soit classés en parc national marin. Le 9 juillet 2021, le Premier Ministre signait le décret de création du Parc national marin de Manyange na Elombo Campo.

La côte vers Elombo

Avec Son Excellence Jules Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la Faune

Carte du Parc  national marin 

de Manyange na Elombo Campo

Affaires juridiques


Dans les années 1970, l’administrateur régional des Affaires Maritimes R. Jaffray fait prendre des arrêtés préfectoraux pour protéger les tortues marines en Guyane, Martinique et dans l’archipel guadeloupéen. Il le contacte et ils collaboreront.


1977 : Il est rédacteur et rapporteur, auprès du Comité permanent du Conseil national de Protection de la Nature, du projet d’arrêté ministériel métropolitain "Reptiles et Amphibiens", dans le cadre de la Loi de Protection de la Nature de 1976 ;

Il est chargé de mission par le Directeur de la Protection de la Nature (ministère de l’Environnement) pour définir les menaces pesant sur la faune et la flore en Guyane française. Et en 1981, il présentera les projets d’arrêtés ministériels pour les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et Amphibiens de Guyane.

Gilbert Simon

1990 : Rédacteur, avec Gilbert Simon, Directeur de la Protection de la Nature, de projets d’arrêtés ministériels visant la protection des tortues marines en France métropolitaine, en Guyane, en Guadeloupe et Martinique.


Il se bat contre l’élevage illégal de Tortues vertes à la Réunion en provenance des îles Tromelin et Europa. Il gagnera après une dizaine d’années de combats.


Rédacteur du chapitre sur les tortues marines dans le Livre rouge des Espèces marines et littorales françaises menacées (Secrétariat Faune Flore). Coordinateur Reptiles dans le Livre rouge des Espèces menacées en France (Secrétariat Faune Flore).


1992 : Rédacteur du projet de classement en réserve naturelle de la région de la Basse-Mana (Guyane) pour le ministère de l’Environnement.


2005 : corédacteur scientifique de l’arrêté ministériel sur la protection des tortues marines sur l’ensemble du territoire français.


2022 : Refonte par Jacques du précédent arrêté pour y adjoindre Mayotte, les îles Eparses, Clipperton et ajouter quelques nouvelles précisions sur les habitats. Il est l’animateur d’un groupe juridique (Groupe Tortues Marines France) pour le ministère de l’Écologie.


L’écaille


Il devient expert de l’écaille de tortue. Il produira des certificats d’identification pour des antiquaires faisant passer des frontières à des meubles d’André-Charles Boulle ou à des céramiques piquées d’or.

Plaque d'écaille d'uneTortue imbriquée

Piqué d'or napolitain

Patrick Triplet

Chélonée


En 1997, avec Jean Lescure (MNHN Paris) et Marc Girondot (Fac Jussieu), il crée l’association Chélonée et en devient président. Pour commencer, elle regroupe les anciens volontaires des campagnes Kawana. Puis, réanimée par des subventions annuelles du ministère de l’Écologie, elle servira à faire fonctionner les projets africains et sera coordinatrice avec le Service du Patrimoine du Muséum  de Paris, en 2018, du colloque français sur les tortues marines. Il fut président de cette association jusqu'en 2019, puis laissa cette fonction à Patrick Triplet, devenant président d'honneur.


CMS - Mémorandum d’Abidjan


En 1998, il créé avec D. Hykle et Manjula Tiwari le Mémorandum d’Abidjan (« MdA d’Abidjan ») de la Convention sur les Espèces migratrices ( CMS), lequel sera signé par 23 Etats africains. Manjula et lui, coordinateurs scientifiques, tenteront de le faire vivre. Après deux réunions, une au PNUE à Nairobi en 2002 et l’autre à Dakar en 2008, le MdA tombera dans l’oubli. Ce n’est qu’en 2023 que Manjula tentera de le réanimer avec la CMS.

Les participants, en Côte d'Ivoire  en 1998, à la création du MdA d'Abidjan

Lors de la "réanimation" 

du mémorandum en 2023 !

Avec ManjulaTiwari

Douglas Hykle, secrétaire exécutif de la CMS, 

pendant la signature du mémorandum, en 1998.

Avec Manjula Tiwari à ses côtés, il est le représentant de la  France, un conseiller de l'ambassade à sa gauche, à la réunion de 2008.

Résolution de la convention de Ramsar (Zones humides d’Intérêt International)


Rédacteur du projet de classement en site Ramsar des marais et plages de la Basse-Mana (Guyane). Pour la première fois, un classement Ramsar est fait pour ses habitats de nidification de tortues marines et non pour ses Oiseaux.

En 2018, avec l’aide de Patrick Triplet (expert de la convention de Ramsar), il rédige une résolution sur les habitats (jusqu’à 6 mètres en mer) qui sera présenté à l’adoption internationale à la COP XIII par la France et le Sénégal. Ils publieront en 2021, un ouvrage en 3 langues (français, anglais, espagnol) passant en revue les sites Ramsar classés avec habitats de tortues marines et les sites méritants de l’être. En 2024, le ministère de l’Ecologie lui demande de présenter des projets de sites à classer Ramsar à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. 

Jacques a proposé au ministère de l’Ecologie de classer en site Ramsar tout le sud de l’île de Mayotte.

Habitats concernés par la résolution Ramsar XII-24

Proposition de classement Ramsar au sud de Mayotte

Claude Silberzahn

Un révolutionnaire

 

Il est copain avec Claude Silberzahn, préfet de la Guyane. En 1983, celui-ci lui passera discrètement le dossier du futur barrage hydro-électrique de Petit Saut. Jacques cherchera en vain des appuis pour empêcher cette destruction de 365km² de forêt tropicale.

Anecdote amusante. En 1984, il devient conseiller du Premier Ministre et a donc un bureau à l’hôtel Matignon. Un jour, il invite Jacques à venir le voir. Il se rend donc à Matignon avec sa vieille voiture pleine d’autocollants écolos. Les gardes lui disent d’entrer dans la cour et de se garer. Et Jacques gara sa voiture à côté des voitures noires impeccables que les chauffeurs astiquaient.

Devenu directeur de la DGSE (direction de la Sécurité extérieure) quelques années plus tard, Claude Silberzahn lui renouvellera son amitié en lui glissant un numéro de téléphone où il pourra appeler s’il se trouve bloqué dans un pays africain. Il lui dira : «Où que tu sois, on viendra te chercher!».

Barrage de Petit Saut

Récupération de l'eau  de pluie à Yalimapo

En pays amérindien

En 1978, Jacques s’installe pour 6 mois dans un bâtiment de l’ancien bagne des Hattes, à côté d’un village amérindien Kaliña Tilewu. Sans eau courante ni électricité, il fera sa toilette et sa cuisine avec l’eau de pluie

Il passera sur ce site, chaque année, entre 4 et 6 mois.

Dans une publication, avec l’ethnolinguiste Odile Lescure, il officialisera le nom Yalimapo comme nom de ce village, et ce sera repris sur les cartes de l’IGN.

Il luttera aux côtés de Félix Tiouka et de la Fédération des Organisations amérindiennes de Guyane (FOAG) pour que la culture amérindienne ne soit pas laminée par l’administration française.


Par 2 fois il ira en zone interdite jusqu’à Antecume Pata, le plus gros village Wayana dans le Haut Maroni. Il y retrouvera André Cognat (Antecume était son nom Wayana) qu’il avait rencontré pour la première fois à Cayenne en 1971.

La deuxième fois ce sera Brice Lalonde, ministre de l’Ecologie, qui lui demandera d’accompagner Jéromine Pasteur jusqu’à Antecume-Pata. Jéromine a vécu, au Pérou, chez les Amérindiens Ashaninkas

André, Jéromine et Jacques discuteront de préservation de l’identité culturelle amérindienne qui est vouée à disparaitre et les dommages de l’alcool.

Jéromine, Jacques et Antecume

Antecume, son fils Aliki et Jacques

Femme Wayana dans son hamac

Félix Tiouka montrant la ponte d'une Luth 

à sa fIlle Yalimi

Les "carbets" du village Kaliña Tilewu de Yalimapo

Un Aï dans les bras d'un enfant

En cinquante années de terrain, Jacques s’est battu inlassablement, gagnant de nombreuses batailles et en perdant d’autres. N’est-il pas l’instigateur de quatre musées de la mer et des tortues, d’écloseries, de deux stations d’études, quasiment dans le monde entier… et surtout d’une multitude d’actions de sensibilisation à la préservation des tortues marines et de leurs habitats ?


Avec son collègue américain Jack Frazier, ils se disent frères révolutionnaires et agissent de concert pour un inlassable combat.

Jack Frazier

En bref


Peter et Jacques sur un éléphant, 

au Rajasthan (Inde)

Et Pritchard de conclure : « Ainsi, Jacques Fretey, nous te saluons. Un homme de la science, de l'art, et de la littérature, un homme de passion pour la vie et pour les tortues, un homme de modèle inimitable et formidable, un homme intransigeant dont les principes sont de la plus haute importance et non sujet à la négociation, à un grand Français. »


Peter C. H. Pritchard décèdera le 26 février 2020. Jacques pleurera son ami de 45 ans et écrira à son sujet deux nécrologies, l’une en français, l’autre en anglais.

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